mehryl ferri levisse
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les théâtres de mehryl ferri levisse
la collection monstrueuse ou la domestication des anomalies
esthétique du corps neutre, plasticité critique
mehryl ferri levisse : l'homme objet
la complexité du "je" d'enfant
l'éternité n'est pas une abstraction
ceci n'est pas de la photographie
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the space for a certain energy : mehryl ferri levisse interviewed
mehryl ferri levisse / interview
agreed roles : fetish and theater in the masks of mehryl ferri levisse
mehryl ferri levisse's staged dreamworlds invoke family tradition and bdsm
mehryl ferri levisse's intimate world
french artist mehryl ferri levisse brings bdsm fantasy to the bowery
Florian Gaité
Par-delà les artifices
novembre 2016
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Les «captations photographiques» de Mehryl Ferri Levisse prennent place dans des espaces domestiques qui sont autant de métaphores de la vie mentale. Dans ces lieux pétris d’imaginaires - le salon familial, le grenier où l’on se cache, la chambre à coucher ou la salle de jeu - les personnages sont associés à des objets ménagers, des bibelots et des motifs ornementaux qui semblent retracer leur histoire.
Reproduisant des motifs de la peinture d’histoire ou du portrait classique, leurs postures absurdes (écrasé sous un tas d’oreillers, recouvert d’escargots, présenté comme un trophée de chasse) peuvent traduire un état affectif, un caractère ou une maladie mentale, et ainsi dévoiler un autre pan de leur identité. Le plasticien illustre à travers ce travail la façon dont chacun de nous se construit en écrivant sa propre mythologie, sa propre fiction où se mêlent histoire familiale, imaginaires collectifs, rêves personnels et désirs intimes.
Dans ce théâtre de la vie psychique, le corps occupe une place centrale. Neutre et sans genre particulier, il se présente comme une surface nue, un sujet anonyme qui pourrait être n’importe quel spectateur. Souvent jeune, adolescent, ce corps se transforme, se déguise, joue s’invente librement, avec humour et dérision.
Mehryl Ferri Levisse le déforme ou le masque de façon à le rendre méconnaissable, voire monstrueux, travaillant à une esthétique du corps bricolé qui s’applique aussi à la constitution de la scène photographiée. Dans ces univers infantiles, hauts en couleurs, des objets, des papiers peints et des matériaux simples collectionnées par l’artiste servent à édifier des cabanes précaires, comme pour rendre concrètes la créativité et la fragilité de la vie psychique. Sous leurs airs de compositions absurdes, chaque captation photographique dresse ainsi un portrait moins artificiel qu’il n’y paraît au premier abord, dont le sens est à chercher derrière les masques, par-delà le décor apparent.
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